400ème anniversaire de la fondation de QUÉBEC
MICHEL de SALABERRY, pionnier du Québec
(Ciboure, France, 1704 - Sales, France, 1768)
officier de marine, armateur,
chevalier de Saint-Louis.
D'après les historiens, depuis le IX ème siècle,
la famille Salaberry, faisait partie de la noblesse. Elle descendrait
d'un membre de la famille des Rois de Navarre de cette époque.1
Au XVII ème et XVIII ème siècles, les Salaberry,
connurent la gloire au service des rois de France. L'un d'eux, Louis Charles
Victor Vincent de Salaberry, mourut en 1794, suite à la Révolution
française.
En 1546, la famille Salaberry se divisa en deux branches et c'est l'un
des descendants de la branche la plus jeune qui émigra au Québec,
deux cents ans plus tard, croit-on.
C'est de Michel De Salaberry que naquit la branche des Salaberry du Québec.
La famille De Salaberry, originaire du pays basque est issue de la noblesse.
Le pionnier, Michel De Salaberry, est né à Ciboure, diocèse
de Bayonne (dép. des Pyrénées-Atlantiques, France),
le 4 juillet 1704 à 7 heures du matin; il est baptisé le
9 à l'église Saint-Vincent.2 Ses parents sont : Martin (Marsans)
de Sallaberry et Marie de Michelance, ses parrain et marraine : Michel
de Michelance et Maria de Salaberry qui tous deux signent avec le prêtre,
l'abbé Monségur.3
À l'été 1733, la Catherine vogue de la Martinique
à destination de Québec. Pierre Jouenne, capitaine de la
Catherine de la Martinique amène à Québec parmi ses
passagers, deux migrants, tous deux capitaines. Ce sont : Joannis Dapprendisteguy,
capitaine de navire, 44 ans, de Ciboure, et Michel Salaberry, capitaine,
29 ans. Ce dernier aurait, semble-t-il, accompagné son père
à Québec.4
L'année précédente, le 18 juin, Michel Salaberry
avait pourtant signé un contrat le liant à une société
composée de Bertrand Gilbert, propriétaire du bâtiment
français nommé l'Élizabeth, Pierre Charboneau, capitaine
et Georges Tangueray, second capitaine de ce navire. Tous déclarent
au notaire J.-C. Louet qu'ils habitent la ville de Québec (Louet,
J.-C., 1718-1737, Qc). Puis, le 24 septembre, le notaire C.-J. LeRoy-Desmaret
rédige une convention contenant quittance entre Saint-Jean Monségur,
négociant de Saint Jean de Luz stipulant pour Michel Salabery,
son cousin absent, et Pierre Chabousseau et Georges Tanquerey, navigateur
(LeRoy-Desmaret, C.-J., 1728-1737, ANC). En 1734, à titre de négociant,
il établit une convention avec Louis Lambert, maître de bateau.
L'acte notarié daté du 27 mai est rédigé par
le notaire J.-C. Raimbault de Piémont, à Montréal
(Raimbault de Piémont, J.-C., 1727-1737, Mtl).
Puis, l'année suivante, le 13 mai, il signe, devant maître
J.-N. Pinguet de Vaucour, un contrat de mariage devant l'unir à
Marie-Catherine Rouer De Villeray, Tous deux déclarent être
résidants de Québec. Michel de Sallaberry se présente
comme capitaine de navire marchand (Pinguet de Vaucour, J.-N., 1726-1748,
Qc). C'est à Québec le 14 mai 1735, à l'âge
de 31 ans, qu'il épouse en premières noces Marie-Catherine,
une jeune veuve de 23 ans. Des deux époux, seul Michel Salaberry
signe l'acte de mariage. La jeune épouse déclare ne pas
savoir signer.
Marie-Catherine est la dixième et dernière enfant d'Augustin
Rouer de Villeray Delacardonière, conseiller au conseil souverain
de Québec, et de Marie-Louise Legardeur Lamothe. Elle a eu aussi
une demi-sur née hors union, enfant naturelle de son père,
déjà décédée. Marie-Catherine n'a pas
encore atteint ses deux ans lorsque son père décède
à l'âge de 48 ans, à l'Hôtel-Dieu de Québec,
de la " maladie populaire ", les fièvres malignes qui
ravageaient le pays durant les années 1710-1718. L'année
suivante, Louis, son frère aîné, 22 ans, périt
en mer. Puis, deux ans plus tard, c'est au tour de sa sur Madeleine
Catherine, 9 ans. Marie-Catherine a aussi un frère, Benjamin, que
nous retrouvons à Louisbourg le 20 septembre 1749 sur Le Léopard,
à titre de lieutenant.
À peine âgée de 17 ans, Marie-Catherine Rouer De
Villeray avait auparavant convolé en justes noces avec un jeune
bourgeois de Québec, âgé de 18 ans, Michel Drouard.
En moins de six ans et demi de mariage, Marie-Catherine avait appelé
à la vie cinq enfants. Michel Drouard décède un mois
avant la naissance de son benjamin, Joseph. Trois des bébés
sont ravis au berceau par l'ange de la mort. Les documents officiels demeurent
muets sur la longévité des deux enfants survivants.
Les nouveaux époux, Michel Salaberry et Marie-Catherine Rouer
de Villeray, résident à Québec, rue Saint-Louis.
Marie-Catherine ne tarde pas à donner à Michel Salaberry
cinq enfants. En effet, à peine après six mois de vie matrimoniale,
naît déjà Marie Angélique, le 24 octobre 1735.
Bien qu'il soit, selon ses déclarations, navigateur ou capitaine
de vaisseau, Michel Salaberry est auprès de sa famille au cours
de l'hiver 1735-1736. On le retrouve présent à quelques
baptêmes. Il assiste au baptême de son fils Michel en septembre
1736, mais sera absent lors de la cérémonie des anges deux
mois plus tard. Puis, naissent les jumelles Denise et Angélique
qui décèdent aussitôt. Enfin, en 1739, lorsque naît
Louise Geneviève, la cinquième enfant, ses parents célèbrent
tout juste quatre ans de mariage. L'année suivante, sans doute
épuisée après avoir donné un peu de sa vie
à chacun de ses dix enfants, la jeune maman de 29 ans, s'éteint
laissant pour la pleurer son époux Michel Salaberry et leurs deux
filles encore vivantes, Louise Geneviève et Marie Angélique,
âgées à peine de 1 et 4 ans. Aucun autre document
officiel ne révèle de précisions sur la vie de Geneviève
née du premier mariage de Michel Salaberry.
Des actes notariés nous renseignent sur les endroits précis
de résidence de Michel Sallaberry, celui du 30 octobre 1738, nous
indique qu'il fait la location d'une maison située rue du Cul du
Sac, à Québec (Barolet, C., 1728-1761, Qc). La même
information est contenue dans l'acte notarié du 3 octobre 1738
alors qu'un transport d'argent est effectué par Michel Salaberry
à Charles Reaume, de l'île de Montréal (Barolet, C.,
1728-1761, Qc). L'année suivante, le 12 août, il loue une
autre maison, rue Demeulles, basse ville de Québec (Boisseau, N.,
1730-1744, Qc). Un inventaire des biens du couple énuméré
le 27 février 1741 précise que la famille y demeure toujours
deux ans plus tard (Pinguet de Vaucour, J.-N., 1726-1748, Qc)
Michel Salaberry est très actif, à titre de capitaine de
navire. Le 2 décembre 1735, il signe une convention avec Joseph
Perthuys, marchand bourgeois de la rue Notre-Dame à Québec
(Barolet, C., 1728-1761, Qc). Le 31 août 1736, il conclut un marché
portant convention de réception de marchandises à la Pointe
du Nord de l'île Bonaventure près de Gaspé avec Yves
Harguin, capitaine de navire, de la place du Marché à Québec
(Barolet, C., 1728-1761, Qc). Après avoir lancé son propre
navire, le Saint-Michel, un brigantin de 68 tonneaux, il commence à
faire le transport de marchandises à l'île Royale (île
du Cap-Breton). Il mènera bientôt de plus gros navires à
la Martinique, à Saint-Domingue (île d'Haïti), à
La Rochelle et à Bordeaux.
En 1738, arrive en Nouvelle-France, sur le Saint-Michel, navire appartenant
à Michel Salaberry, la première personne juive, Esther Brandeau.
La jeune fille est déguisée en jeune garçon du nom
de Jacques La Fargue. Refusant de se convertir au catholicisme, elle est
reconduite en France en 1750 aux frais du roi Louis XV. Esther Brandeau
était originaire du bourg de Saint Esprit, diocèse de Dax,
près de Bayonne. À l'époque, un règlement
royal interdisait d'embarquer sur les navires en partance pour le Canada
itinérants, vagabonds et non-chrétiens.5
En octobre 1737, le notaire Barolet rédige deux autres actes,
l'un, le 3, concernant une police d'affrètement du Saint-Michel
et Jean Dumont, négociant de la rue Saint Pierre, à Québec,
l'autre, le 29, étant une obligation et une convention de police
d'assurance pour ce même navire (Barolet, C., 1728-1761, Qc). Le
11 octobre, Charles Réaume, négociant, de la ville de Montréal,
fait cession d'une rente à Michel Salaberry. Le 23 septembre 1738,
le notaire Barolet rédige un acte de transport et cession portant
constitution de rente par Charles Renault-Dubuisson, écuyer, chevalier
de l'ordre royal de Saint-Louis et major de la ville, château et
gouvernement des Trois-Rivières à Michel Salaberry, capitaine
de navire (Barolet, C., 1728-1761, Qc). Le 2 novembre 1740, Michel Sallabery,
capitaine de navire et bourgeois de Québec, vend son brigantin
le Saint Michel à Jean St Jean de Monségur, capitaine de
navire et bourgeois, de Bayonne (Dulaurent, C.-H.., 1734-1759, Qc). Neuf
jours plus tard, Charles Réaume, négociant de la ville de
Montréal, lui fait cession d'une rente (Pinguet de Vaucour, J.-N.,
1726-1748, Qc). En 1741, Michel Sallaberry lançait un second navire
de plus grandes dimensions. Jusqu'au début de la guerre avec l'Angleterre,
Sallaberry sera un membre actif du groupe de la marine commerciale, voyageant
aux quatre coins de l'empire français d'Amérique. Le 3 novembre
1741, Jean Lefebvre, aubergiste, signe une obligation envers Michel Salaberry,
capitaine de navire marchand (Pinguet de Vaucour, J.-N., 1726-1748, Qc).
Le 20 avril 1742, un accord intervient avec Pierre Trottier dit Dezauniers,
négociant de Québec et Michel Salaberry, propriétaire
et capitaine du navire Le Fidèle (Dulaurent, C.-H.., 1734-1759,
Qc). Le 27 juin, son cousin et associés, Jean St Jean de Monségur,
capitaine de navire, du Port Joly, vend un brigantin à deux ponts
et une goélette de trente-trois tonneaux à Michel Sallaberry
(Dulaurent, C.-H.., 1734-1759, Qc). La même année, trois
actes notariés font mention d'obligation de Michel Sallaberry,
le 13 juin, envers Yves Arguin, marchand bourgeois de Québec, (Pinguet
de Vaucour, J.-N., 1726-1748, Qc), le 13 octobre, envers Jacques-Charles,
navigateur, (Pinguet de Vaucour, J.-N., 1726-1748, Qc), et le 13 novembre,
envers Pierre de Lestage, négociant de Montréal (Dulaurent,
C.-H.., 1734-1759, Qc). En juin, on dit Michel Salaberry capitaine commandant
les navires marchands, en octobre et novembre, il est capitaine et propriétaire
d'un bâtiment mâté en brigantin nommé le Saint
Pierre.
Les trois premières mentions de la particule " de "
devant Salaberry ou Sallaberry apparaissent dans son contrat de mariage
en 1735 et au registre de l'état civil de Beauport les 17 février
et 19 septembre 1741, alors que Pierre Michel De Salaberry assiste à
un baptême, le premier en présence de Thérèse
Duchesnay, sur de celle qui deviendra sa seconde épouse et
le second, en compagnie de Louise Duchesnay qui deviendra son épouse
neuf ans plus tard. Dans les deux cas, l'acte de baptême mentionne
que Michel de Salaberry est marchand bourgeois et réside à
Québec. Thérèse et Louise Duchesnay sont les filles
du seigneur de Beauport. Fait intéressant à noter : Michel
de Sallaberry n'a jamais utilisé l'appellation d'Irumberry qu'on
rencontre plus tard alors que son fils s'efforça d'établir
ses titres de noblesse. Michel Sallaberry aurait-il décidé
d'assumer pleinement ses devoirs de père, en élevant ses
deux filles puisqu'il semble si présent en Nouvelle-France ? L'appel
de la mer se fera-t-il sentir à nouveau ?
Il faut le croire puisque lors du recensement de 1744 à Québec,
nous retrouvons Marie Angélique, l'aînée, âgée
de 8 ans. Elle vit chez l'aubergiste Jacques Joignet, son épouse
et leurs trois filles âgées de 19 à 25 ans. La fille
de Michel Salaberry serait-elle seule à Québec ? En août
1747, nous la retrouvons, seule de sa famille, au baptême du fils
de Jean Darocq, capitaine de navire. Marie Angélique est âgée
de 11 ans. Deux ans plus tard, elle reçoit le sacrement de confirmation
en compagnie de 47 autres jeunes résidants de la ville de Québec.
L'un de ces confirmés est Louis, un nègre de Guinée,
appartenant à M. Sallaberry. À l'âge de 18 ans, Louis
avait été baptisé à Québec le 3 novembre
1738, en présence de Catherine Villeray, épouse de Michel
Sallabery.
En août 1745, alors qu'il est prêt à appareiller comme
capitaine de l'Andromède, un gros navire marchand, les propriétaires
du navire annulent le voyage La Rochelle-Québec à cause
de la guerre de la Succession d'Autriche. Il devait aussi transporter
des migrants en Nouvelle-France. Originaires du Périgord, de Gascogne
et du Berry, ceux-ci s'étaient engagés pour 300 livres de
tabac. À la mi-novembre, la frégate commandée par
Jean-Baptiste LEGARDEUR de Tilly n'ayant pu atteindre Québec, Sallaberry
offre d'armer la petite goélette Marie et d'en prendre le commandement
pour transporter des dépêches et des munitions en Nouvelle-France.
Il doit malheureusement faire face à de violentes tempêtes
durant la traversée et, au début de janvier, après
avoir atteint l'île française de Saint-Pierre, au large de
la côte sud de Terre-Neuve, avec un navire sévèrement
endommagé, il n'a d'autre alternative que de mettre le cap sur
les Antilles pour y passer l'hiver. Au printemps, à la Martinique,
Sallaberry fait réparer son bateau et part pour la Nouvelle-France,
escorté par un corsaire français. Il arrive à Québec
le 6 juin 1746. Au cours de l'été, il patrouille l'embouchure
du Saint-Laurent au large du cap Chat, surveillant l'arrivée d'une
flotte d'invasion anglaise qui, disait-on, faisait voile vers Québec.
Vers la fin de l'année, alors que Michel Salaberry doit transporter
des approvisionnements de guerre à la baie Verte en Acadie, en
compagnie des capitaines de plusieurs autres navires, son navire s'échoue
à 15 lieues (60 kilomètres) seulement de Québec (Une
lieue, ancienne mesure de distance, équivaut à environ 4
kilomètres). Par ailleurs, au cours de la même année,
Michel Sallaberry reçoit des quittances, le 18 octobre, de Bernard
Damour de Plaine, écuyer et officier des troupes de la Marine,
de la côte du Sud (Barolet, C., 1728-1761, Qc), et le 1er novembre,
de l'Hôpital général de Québec (Dulaurent,
C.-H.., 1734-1759, Qc).
En juillet 1747 et en juillet 1750, Michel Desallaberry est présent
à la célébration de quelques baptêmes à
Beauport, près de Québec. Est aussi présent au baptême
célébré en 1747: Antoine Juchereau Duchesnay qui
deviendra son beau-frère trois ans plus tard. Le 20 mai 1748, Sallaberry
est nommé capitaine de flûte en retour de ses services. Dès
lors, il abandonne le commerce maritime pour faire carrière dans
la marine de guerre. Le 26 mars 1748, à titre de père légitime
administrateur de ses enfants, Michel Salabery, lieutenant des frégates
du roi, accorde une procuration à Jean Taché. Le 29 juillet
1750, on retrouve Michel, capitaine de flûte, chez le notaire Dulaurent
(Dulaurent, C.-H.., 1734-1759, Qc). C'est la veille de son mariage.
Il n'est pas bon que l'homme soit seul (Genèse 2,18), dit-on.
Après dix ans de veuvage et déjà âgé
de 46 ans, le 30 juillet 1750, à Beauport, Michel Salaberry, convole
en justes noces avec une célibataire âgée de 39 ans,
Madeleine-Louise Juchereau Duchesnay de Saint-Denis. La nouvelle épouse
est la fille de feu Ignace Juchereau Duchesnay, écuyer, seigneur
de Beauport, Saint-Jean-Baptiste et autres lieux, et de feue Catherine
Peuvret. Madeleine-Louise Juchereau Duchesnay de Saint-Denis est apparentée
à la première épouse de Michel Salaberry, toutes
deux sont les arrière-petites-filles de Jean Juchereau Demaure
et de Marie Catherine Langlois. De ce fait, l'évêque accorde
la dispense des trois bans et du troisième degré de consanguinité,
contresignée par M. Briand, chanoine et vicaire de l'évêque.
M. Delajonquière (marquis, commandeur de l'ordre royal et militaire
de Saint-Louis, chef d'escadre des armées navales de Sa Majesté,
gouverneur, lieutenant général pour le roi de toute la Nouvelle-France,
terres et pays de la Louisiane) et M. Gomain (lieutenant des vaisseaux
du roi, commandant la frégate de Sa majesté Anglesea, en
escale à Québec) ont donné à l'époux
la permission de se marier et M. Saint-Laurent, secrétaire, a contresigné
cette permission. Ce jour-là, en présence de 21 invités
de marque dont plusieurs écuyers et un notaire, Michel Salaberry
déclare être officier de la frégate Anglesea. Il affirme
être originaire de Saint-Vincent de Ciboure, diocèse de Bayonne,
et résidant de Beauport. Sa fille Marie Angélique, 14 ans,
n'est pas présente à la cérémonie, peut-être
demeure-t-elle toujours à Québec.
Il semble que la nouvelle épouse de Michel Salaberry n'arrive
pas les mains vides. En effet, Madeleine-Louise Juchereau Duchesnay fait,
en 1751, le 16 avril, cession de terre à Pierre Grenier et Louis
Maheux de Beauport (Parent, P., 1748-1776, Qc), et le 6 juillet, avec
ses surs Marie-Louise, Marie-Thérèse, et au nom de
leur sur Madeleine, absente pour l'ancienne France, cession de droits,
prétentions immobilières d'une part de terre à Madeleine-Thérèse
L'estraignan de St Martin, de Québec (Barolet, C., 1728-1761, Qc).
En décembre 1750 et en juillet 1751, Madeleine-Louise Juchereau
Duchesnay de Saint-Denis assiste à un baptême célébré
à Beauport. Le mois suivant, en janvier 1751, puis en juillet 1753,
c'est au tour de Marie-Angélique d'être présente à
des baptêmes à cet endroit. La jeune femme, âgée
maintenant de 15 ans, serait-elle venue vivre dans la maison de sa belle-mère
ou dans les environs?
Enfin, à Beauport, le 4 juillet 1752, Madeleine-Louise Juchereau
Duchesnay de Saint-Denis, 41 ans, donne naissance à l'unique enfant
issu du second mariage de Michel DeSallaberry qui célèbre
ce jour-là son 48e anniversaire de naissance. Le nouveau-né
est baptisé le lendemain sous les prénoms de Ignace-Michel-Louis-Antoine
DeSallaberry. Sa demi-sur Marie-Angélique n'assiste pas au
baptême. Michel Salaberry est présent au baptême de
son fils, même si le vaisseau du roi, un vaisseau de transport armé,
le Chariot Royal dont il est devenu le commandant, est ancré à
Louisbourg, île Royale. Voici la description du Chariot Royal:
Flûte de 36 canons, construit par Chaillé, au Havre en 1749,
760 tonneaux, 140 pieds français (45,5 m) de longueur de l'étrave
à l'étambot par 30 pieds français (9,8 m) de largeur
de dehors en dehors des bordages par 14,6 pieds français (4,7 m)
de profondeur entre la carlingue et le dessous du maître bau (creux).
1749 ex-le CHARIOT-VOLANT. 03-1756 prise par H.M.S. TORBAY. Non acquise
par la Royal-Navy. Fin de carrière en 1756. 6
Le 10 octobre 1754, les Juchereau (Antoine, seigneur de Duchesnay de
Beauport, Madeleine-Louise, épouse de Michel Salaberie, les veuves
Marie-Louise et Marie-Thérèse) vendent une terre à
Charles et Vincent Grenier, habitants, de la seigneurie de Beauport (Parent,
P., 1748-1776, Qc). Le 20 octobre 1754, une transaction est signée
entre Michel Sallaberry, capitaine de flûte au département
de Rochefort, et Joseph-Étienne Cugnet, conseiller assesseur au
Conseil supérieur de Québec (Panet, J.-C., 1744-1775, Qc).
Le 2 novembre, Marie-Louise Juchereau dit Duchesnay fait cession de droits
successifs immobiliers d'un moulin à eau, situé sur la rivière
Notre-Dame, à sa sur Madeleine-Louise, épouse de Michel
Sallaberry, capitaine de flûte à la suite des armées
navales de Sa Majesté (Barolet, C., 1728-1761, Qc). Deux jours
plus tard, Michel Sallaberry, capitaine de flûte, de la garnison
de Rochefort, effectue une transaction en son nom et en celui des enfants
mineurs nés de son premier mariage (Dulaurent, C.-H.., 1734-1759,
Qc). Puis, le 6 novembre, Michel Sallaberry signe une procuration (Dulaurent,
C.-H.., 1734-1759, Qc).
Le 21 mai 1755, Louise-Geneviève Sallaberry fait profession en
religion à l'hôpital général de Québec
en l'absence de son père. Le représente, sa seconde épouse,
Madeleine-Louise Juchereau Duchesnay (Dulaurent, C.-H.., 1734-1759, Qc).
Quelques mois plus tard, en novembre 1755, le Chariot Royal est capturé
par les Anglais et Sallaberry est emmené à Londres. La France
et l'Angleterre n'ayant pas encore engagé officiellement les hostilités,
il est vite libéré et renvoyé en France.
Le 31 août 1756, les surs Juchereau, Marie-Louise, Thérèse
et Madeleine-Louise signent un cautionnement solidaire envers Charles-François
Tarieu de Laperade de Lanaudière, écuyer et capitaine en
pied dans les troupes du roi (Dulaurent, C.-H.., 1734-1759, Qc). Le 10
novembre 1758, les Juchereau, frère et surs, louent le moulin
de la seigneurie de Beauport à Jean-Baptiste Chanbelan, maître
farinier, de Beauport (Parent, P., 1748-1776, Qc). Le 20 octobre 1760
et le 30 octobre 1761, les surs Thérèse et Madeleine-Louise,
épouse de Michel Salaberie louent une maison à Louis Parant,
négociant, de Beauport (Parent, P., 1748-1776, Qc). Le même
jour, Antoine, Marie-Thérèse et Madeleine-Louise, épouse
de Michel Salaberie louent le moulin de la seigneurie de Beauport à
Jean Lafon, maître farinier, de Beauport (Parent, P., 1748-1776,
Qc). Le 18 août 1761, les deux surs Juchereau accordent une
procuration au notaire royal et greffier en chef des Cour et Conseil militaires
de Québec, Jean-Claude Panet (Lemaître-Lamorille, F., 1761-1766,
Qc). Puis, le 28 août, elles louent à nouveau le moulin au
même maître farinier (Parent, P., 1748-1776, Qc). Le 22 août
1763, Marie-Thérèse donne quittance à son beau-frère
Michel de Sallabery (Panet, J.-C.., 1744-1775, Qc).
En octobre 1756 à Beauport, Marie-Angélique Desallaberry
assiste à nouveau à un baptême. Puis en janvier 1757,
elle est à Québec au mariage de sa cousine et, en septembre
1757, à un baptême. Promu au rang de lieutenant de vaisseau
le 20 novembre 1757, on confie à Michel de Salaberry le commandement
de la frégate Fidèle. Cette frégate de 24 canons,
construite par Geslain, à Rochefort en 1747, 400 tonneaux, 119
pieds français de longueur (38,7 m) de l'étrave à
l'étambot par 31 pieds français de largeur (10,1 m) de dehors
en dehors des bordages par 17,7 pieds français de profondeur (5,8
m) entre la carlingue et le dessous du maître bau (creux), 24 canons
de 8 livres de balle pour la première batterie (basse). Sabordée
pendant le siège le 28 juin 1758 à l'entrée du port
de Louisbourg (Nouvelle-Écosse). Fin de carrière : 1758.7
En novembre 1759, Marie-Angélique, alors âgée de
24 ans, accompagne son père Michel Desallaberry à un baptême
célébré à Beauport. En juillet 1761, Marie-Angélique
et sa belle-mère, sont présentes à un mariage à
Beauport. Puis, les registres de l'état civil en terre d'Amérique
se taisent à leur sujet.
Michel de Sallaberry ne possédait aucun terrain en Nouvelle-France.
C'est principalement par ses unions conjugales qu'il fut relié
à la colonie. C'est grâce à sa carrière dans
la marine marchande et dans les forces navales qu'il a participé
à la destinée de l'empire français.8
Comme plusieurs familles françaises, après la guerre de
Sept Ans, la famille quitte le Canada. Avec son épouse, son fils
Ignace-Michel-Louis-Antoine et sa fille Marie-Angélique, Sallaberry
se retire en France, sa mère-patrie, plus précisément
à Salles près de La Rochelle. Son fils reviendra demeurer
à Québec chez sa tante Marie-Thérèse. Ignace-Michel-Louis-Antoine
reverra-t-il ses parents ? Il est peu probable. Michel Salaberry ne peut
revenir, l'entrée de la colonie étant interdite aux anciens
combattants français. Madeleine-Louise Juchereau-Duchesnay s'éteint
avant 1768. Le 2 janvier 1768, Thérèse Duchesnay, fondée
d'une procuration de Michel Salaberry, vend à son neveu Antoine
Juchereau dit Duchesnay, écuyer, de la ville de Québec,
les parts des fiefs et seigneuries de Godarville, Fossambault et de St
Jean Baptiste situées au cap Rouge près de la ville de Québec
(Saillant de Collégien, J.-A., 1750-1776, Qc). L'année suivante,
Michel DeSalaberry est fait chevalier de Saint-Louis. Cet ordre royal
et militaire de Saint-Louis, fondé en 1693, honore les officiers
militaires qui ont rendu des services exceptionnels à la France.
Être chevalier de Saint-Louis est l'honneur le plus élevé
que peuvent obtenir les officiers des troupes régulières
servant en Nouvelle-France. Jusqu'en 1760, environ 145 Canadiens sont
décorés de la croix de Saint-Louis. Un an plus tard, en
1767, il reçoit une pension de £1 000. Son cousin, l'abbé
de Salaberry, conseiller d'état, met plusieurs fois son influence
à sa disposition.
Michel de Salaberry s'éteint à Sales, en France, le 27 novembre
1768, à l'âge de 64 ans.9 Michel DeSalabery est inhumé
au cimetière de Saint Sauveur à La Rochelle, cimetière
qui a été désaffecté à la révolution.10
Il laisse dans le deuil son fils Ignace-Michel-Louis-Antoine DeSalaberry,
âgé de 16 ans, un fils dont il aurait sûrement été
très fier. _
Références :
1 PRITCHARD, JAMES S. Assistant professor of history, Queen's University,
Kingston, Ontario., Dictionnaire biographique du Canada, volume III, Sainte-Foy
(Québec) : Presses de l'Université Laval,
http://www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp?BioId=35769&query=
2 ibid
3 Archives paroissiales de Saint-Vincent (Ciboure, dép. des Pyrénées-Atlantiques,
France), Registres des baptêmes, mariages et sépultures,
4 juillet 1704.
4 PRITCHARD, JAMES S. Assistant professor of history, Queen's University,
Kingston, Ontario., Dictionnaire biographique du Canada, volume III, Sainte-Foy
(Québec) : Presses de l'Université Laval,
http://www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp?BioId=35769&query=
5 COURNOYER, Jean, La Mémoire du Québec de 1534 à
nos jours, répertoire de noms propres, Stanké, 2001, p.
706
6 http://groups.msn.com/JacquesKanon/fltes16821767.msnw Source : Liste
1752. (Chariot Royal)
7 http://groups.msn.com/JacquesKanon/frgates16821787.msnw Source : Liste
1752 (Fidèle)
8 PRITCHARD, JAMES S. Assistant professor of history, Queen's University,
Kingston, Ontario., Dictionnaire biographique du Canada, volume III, Sainte-Foy
(Québec) : Presses de l'Université Laval,
http://www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp?BioId=35769&query=
9 IRUMBERRY DE SALABERRY, Thérèse d', Regards sur la famille
Salaberry d'Irumberry, page 30.
10 AN B, 5 728, no 1 ; E, 917 (État civil, Saint-Sauveur de La
Rochelle)
Actes notariés contenus dans les greffes des notaires C.-H. Dulaurent,
C. Barolet, N. Boisseau, J.-C. Panet, J.-N. Pinguet de Vaucour, M.-A.
Berthelot-Dartigny, J.-A. Saillant de Collégien, F. Lemaître-Lamorille,
J.-C. Louet, L. Miray, tous de Québec et J.-C. Raimbault de Piedmont,
P. Mézières, de Montréal.
Actes de l'état civil (Baptêmes, mariages et sépultures
de Québec et de Beauport) de la Nouvelle-France
On trouve de rares références ici et là aux AN,
Col., B, 104, f.36 1/2 ; Col., C8B, 20 ; Col., C11A, 65, f.24 ; 67, ff.48-48v.
; 70, ff.125, 168-171 ; 73, f.412v. ; 74, f.197 ; 76, ff.124-124v. ; 78,
f.314 ; 85, ff.34-34v. ; 86, ff.160-163, 342-344v. ; 88, f.106 ; 117,
f.78 ; 121, f.157v. ; Col., F2B, 11 (commerce des colonies) et aux AD,
Charente-Maritime (La Rochelle), B, 5 728, no 1 ; E, 917 (État
civil, Saint-Sauveur de La Rochelle) ; Gironde (Bordeaux), 6B, 97, 280.
[J. S. P.]
ANQ, Greffe de C.-H. Du Laurent, 30 juill. 1750 ; Greffe de J.-N. Pinguet
de Vaucour, 13 mai 1735 ; AP, Famille Salaberry, 1641-1896.- Archives
paroissiales de Saint-Vincent (Ciboure, dép. des Pyrénées-Atlantiques,
France), Registres des baptêmes, mariages et sépultures,
4 juill. 1704.- P.-G. Roy, Inv. coll. pièces jud. et not., I :
105, 110, 141 ; Inv. jug. et délib., 1717-1760, III, IV, V.
Archives de la ville de Montréal : http://www2.ville.montreal.qc.ca/archives/guide/Bm038.htm
P.-G. Roy, La famille d'Irumberry de Salaberry (Lévis, 1905) et
Le Jeune, Dictionnaire, II : 608s., ont orthographié le nom de
Sallaberry sans tenir compte de sa signature et ils ont identifié
son père comme étant Martin. Michel de Sallaberry n'a jamais
utilisé l'appellation d'Irumberry qu'on rencontre plus tard alors
que son fils s'efforça d'établir ses titres de noblesse
; on consultera à ce sujet : Robert Laroque de Roquebrune, Le voyage
d'un Canadien à Paris en 1785, Nova Francia, I (1925-1926) : 15-19.
Jeannine OUELLET
Présidente de la Fédération Québécoise
des Sociétés de Généalogie.
(page mise à jour le 2/6/2006)